Phlébite et Embolie pulmonaire
Code/s CIM-10 : I82.4, I26
Auteur : Dr. Carmelo Lafuente
Dernière mise à jour : 04/05/2024
Formation d'un caillot dans une grosse veine, habituellement des membres inférieurs ou pelviennes. S'il se fragmente et migre, il finit dans les artères pulmonaires => embolie.
Symptômes très variables, selon le volume de caillot qui embolise : d'être pauci/asymptomatique à l'état de choc et mort subite. Symptômes typiques : douleur et œdème unilatéral d'une jambe, douleur thoracique, dyspnée, malaise, hémoptysie.
En cas de suspicion clinique, débuter immédiatement un traitement anticoagulant efficace, en attendant les résultats des examens. L'anticoagulation est maintenue pendant 3, 6, 12 mois ou indéfiniment, selon la présence de facteurs de risque et si la phlébite/embolie est récurrente.
Causes :
Chez les jeunes une prédisposition génétique n'est pas rare : mutations du facteur II et V, déficits protéine C ou S. Chez les > 50 ans, le facteur prédisposant le + fréquent est un cancer.
Les précipitants majeurs sont : trauma, chirurgie orthopédique, insuf cardiaque ou respiratoire, prise d'oestrogènes. Autres : obésité, infection, immobilisation.
Traitements
-
Traitement de 1er choix :
Tt. initial d'attaque + entretien. Sauf si EP grave ou I. rénale1er choix, sauf si embolie pulmonaire grave ou insuf. rénale sévère, pour le traitement initial (à doses plus hautes) et pour le relais postérieur. Aussi efficaces que les héparines de bas poids chez les patients avec cancer, sauf cancer digestif => risque accru de saignement -
Traitement de 1er choix :
Traitement initial d'attaque, sauf si insuf. rénale très sévèrePour le traitement initial, si EP grave ou en option aux anti-Xa, sauf si insuf. rénale très sévère (possibles jusqu'à un DFG ≤ 15 ml/min). Relayées ensuite par un anticoagulant oral, mais possible de les maintenir au long cours si grossesse ou cancer -
Chez certains patients :
Si EP grave : choc, hypoTA, détresse respiratoireSi embolie pulmonaire grave (hypotension, état de choc, détresse respiratoire) et absence de contre-indication à la fibrinolyse -
Traitement alternatif :
Option pour le Tt. d'entretien, après Tt. initial par héparinesOption aux anti-Xa pour le traitement de relais, après un traitement initial par une héparine, sauf si insuf. rénale sévère
Traitements alternatifs, 2ème ligne :
-
Chez certains patients :
En perfusion I.V., si EP grave ou insuf. rénale très sévèreSi EP grave ou insuf. rénale très sévère (et HBPM contre-indiquées), pour le traitement initial pendant un minimum de 5 jours. Relais par un anticoagulant oral avec 2 jours de chevauchement (warfarine si insuf. rénale +++) -
Chez certains patients :
Si insuf. rénale sévère, pour le traitement de relais après un traitement initial par une héparine -
Chez certains patients :
Si EP grave et fibrinolyse contre-indiquée ou échouéeSi embolie pulmonaire grave et fibrinolyse contre-indiquée ou réalisée sans succès. Alternative : embolectomie chirurgicale -
Chez certains patients :
Si contre-indication absolue à l'anticoagulationSi le traitement anticoagulant est contre-indiqué (ex. hémorragie active sévère) ou si récurrence de phlébite / embolie malgré une anticoagulation adéquate
Examens diagnostiques
-
Examen de choix pour le diagnostic :
Si normaux, ils éliminent un thromboembolismSi probabilité clinique faible ou intermédiaire et résultats disponibles rapidement, des D-dimères normaux éliminent une maladie thromboembolique avec grande certitude. Si probabilité clinique haute, allez directement à un examen d'imagerie. Utilisez des valeurs de référence ajustés à l'âge -
Examen de choix pour le diagnostic :
1er choix si suspicion d'embolie pulmonaire et injection de cont1er choix si symptômes respiratoires ou thoraciques, pour le diagnostic d'une embolie, si D-dimères élevés ou indisponibles, quand l'injection de contraste est possible (pas d'allergie, pas d'insuf. rénale sévère) -
Examen de choix pour le diagnostic :
1er choix si suspicion de phlébite1er choix si symptômes aux extrémités, pour le diagnostic d'une phlébite, si D-dimères élevés ou indisponibles. Peut ne pas voir une phlébite en dessous de la veine poplitée. Alternative : angioscanner du membre inférieur -
Chez certains patients :
1er choix si choc / instabilité hémodynamique1er examen à faire, idéalement au lit du malade, si choc ou instabilité hémodynamique => si dilatation et dysfonction du ventricule droit => anticoagulation inmmédiate et angioscanner pulmonaire (éventuellement plus tard, une fois le patient stabilisé et transportable)
Autres examens, 2ème intention :
-
Examen alternatif :
Si angioscanner pas possibleSi angioscanner thoracique contre-indiqué (allergie au contrast, insuf. rénale très sévère) ou indisponible -
Examen additionnel :
A faire toujours, mais peu sensible et peu spécifiquePeu sensible et peu spécifique. Peut être normal, hormis une tachycardie sinusale. Un aspect S1Q3T3 est très évocateur d'embolie pulmonaire, mais peu fréquent. Autres anomalies possibles : fibrillation atriale, déviation axiale droite, T inversé de V1 à V3 -
Examen additionnel :
Peu sensible et spécifique, non nécessaire si scannerPeu sensible et spécifique. Une Rx quasi/normale chez un patient en insuf. respiratoire aiguë est très évocatrice. Anomalies possibles : hyperclarté d'un lobe / poumon, condensation triangulaire périphérique, atélectasie laminaire, épanchement pleural ... -
Examen additionnel :
Sensible en cas d'EP (grad. alvéolo-artériel augmenté) mais peuTypiquement montre une hypoxie, +/- prononcée avec un gradient alvéolo-artériel augmenté > 20 mmHg (c.à.d. pO2 basse + pCO2 basse. Voir ici une calculatrice web -
Chez certains patients :
Si pas de facteur précipitant chez une personne de < 50 ansA la recherche d'une cause, si pas de cause ou précipitant retrouvé chez un.e patient.e < 50 ans ou si thromboembolismes récurrents sans cause apparente ou thrombose dans des sites atypiques -
Chez certains patients :
Si pas de facteur précipitant chez une personne de < 50 ansA la recherche d'une cause, si pas de cause ou précipitant retrouvé chez un.e patient.e < 50 ans ou si thromboembolismes récurrents sans cause apparente ou thrombose dans des sites atypiques -
Chez certains patients :
Si aucune cause retrouvé, dépister une néoplasie, notamment si >A la recherche d'un cancer, si pas de cause ou précipitant retrouvé, notamment si > 50 ans. A compléter avec un scanner thoracique, mammographie chez la femme, PSA chez l'homme
Scores, Listes utiles
-
En l'absence d'instabilité hémodynamique, pour estimer la probabilité d'une embolie pulmonaire en se basant sur les éléments cliniques
-
PERC permet d'exclure une embolie pulmonaire chez certains patients à probabilité clinique faible, en se basant uniquement sur des éléments cliniques
Diagnostic différentiel
-
Comparée à une crise d'asthme, la dyspnée dans une embolie est souvent plus brutale et peut s'accompagner de douleur thoracique
-
L'infarctus pulmonaire peut ressembler fortement à une pneumopathie, y compris la fièvre et le Sd. inflammatoire
-
Une embolie pulmonaire peut mimer un OAP et peut s'accompagner d'une élévation du BNP si sévère
-
Une embolie pulmonaire peut mimer un OAP et peut s'accompagner d'une élévation du BNP si sévère
Références
-
Caravaggio 2020. Essai randomisé de grande taille : Apixaban for the Treatment of Venous Thromboembolism Associated with Cancer. N Engl J MedRecurrent venous thromboembolism occurred in 32 of 576 patients (5.6%) in the apixaban group and in 46 of 579 patients (7.9%) in the dalteparin group ... Oral apixaban was noninferior to subcutaneous dalteparin for the treatment of cancer-associated venous thromboembolism without an increased risk of major bleeding
-
Christiansen 2005. Cohorte prospective : Thrombophilia, clinical factors, and recurrent venous thrombotic events. JAMARecurrence risks of a thrombotic event by laboratory abnormality ranged from an HR of 0.6 (...) in patients with elevated levels of factor XI to an HR of 1.8 (...) for patients with anticoagulant deficiencies... Prothrombotic abnormalities do not appear to play an important role in the risk of a recurrent thrombotic event. Testing for prothrombotic defects has little consequence ... Clinical factors are probably more important than laboratory abnormalities in determining the duration of anticoagulation ther
-
Freund 2022. Revue narrative : Acute Pulmonary Embolism: A Review. JAMAPulmonary embolism (PE) should be considered in patients presenting with acute chest pain, shortness of breath, or syncope. The diagnosis is determined by chest imaging. In patients with a systolic blood pressure of at least 90 mm Hg, the following 3 steps can be used to evaluate a patient with possible PE: assessment of the clinical probability of PE, D-dimer testing if indicated, and chest imaging if indicated. The clinical probability of PE can be assessed using a structured score or using clinical gesta
-
Freund 2021. Essai randomisé de grande taille : Effect of a Diagnostic Strategy Using an Elevated and Age-Adjusted D-Dimer Threshold on Thromboembolic Events in Emergency Department Patients With Suspected Pulmonary Embolism: A Randomized Clinical Trial. JAMAAmong emergency department patients with suspected pulmonary embolism, the use of the YEARS rule combined with the age-adjusted D-dimer threshold in [low or intermediate clinical probability] PERC-positive patients, compared with a conventional diagnostic strategy, did not result in an inferior rate of thromboembolic events
-
Pengo 2004. Cohorte prospective : Incidence of chronic thromboembolic pulmonary hypertension after pulmonary embolism. N Engl J MedThe cumulative incidence of symptomatic chronic thromboembolic pulmonary hypertension was 1.0 percent (95%CI 0.0 to 2.4) at six months, 3.1 percent (95%CI 0.7 to 5.5) at one year, and 3.8 percent (95%CI 1.1 to 6.5) at two years
-
Recos Europe 2019. Recommandation de pratique clinique : 2019 ESC Guidelines for the diagnosis and management of acute pulmonary embolism developed in collaboration with the European Respiratory Society (ERS). Eur Heart JThe following are (some) key points to remember: D-dimer cut-offs should be adjusted to age and pretest probability ... A revised risk-adjusted management algorithm is proposed ... Rescue intravenous (IV) thrombolysis is now a Class I recommendation ... Direct oral anticoagulants (DOACs) are now recommended as first choice anticoagulants ... Edoxaban or rivaroxaban should be considered as an alternative to low molecular weight heparin in patients with cancer ...
-
Recos multi-sociétés 2019. Recommandation de pratique clinique : Recommandations de bonne pratique pour la prise en charge de la maladie veineuse thromboembolique chez l’adulte. Version courte. Rev Mal RespirDepuis la publication des recommandations ... en 2009, de nombreuses données épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques ont été publiées. La prise en charge diagnostique s’est considérablement simplifiée mais demeure inappropriée dans de nombreux cas. Les traitements anticoagulants curatifs sont très efficaces avec des schémas thérapeutiques simplifiés mais variables d’une molécule à l’autre.
-
Roy 2005. Revue systématique : Systematic review and meta-analysis of strategies for the diagnosis of suspected pulmonary embolism. BMJNegative likelihood ratios were: normal or near normal appearance on lung scan 0.05 (...), a negative result on spiral computed tomography along with a negative result on ultrasonography 0.04 (...), and a d-dimer concentration < 500 mug/l measured by quantitative enzyme linked immunosorbent assay 0.08 (...). In patients with a low or moderate pretest probability, these findings were associated with a post-test probability of pulmonary embolism below 5%